L’ouvrage inédit de François Mazois, Les Ruines de Pestum (1809-1826), et la topographie urbaine de Poséidonia-Paestum

Abstract

L’architecte Charles François Mazois doit la célébrité à sa publication monumentale
Les ruines de Pompéi, fruit de longues années d’études et de relevés rigoureux qui
ont fixé à jamais les contours et les couleurs périssables des découvertes alors toutes
récentes1. Unanimement reconnus2, ses mérites dépassent le cas du site en question,
dans la mesure où il a fourni à l’archéologie naissante une contribution fondatrice
aussi bien dans la manière d’envisager la recherche des ensembles urbains, que dans
l’approche avisée, pratiquée également dans Le Palais de Scaurus3, de la tradition littéraire4,
mise constamment en regard des monuments découverts.
Un deuxième ouvrage de moindre taille, mais dédié à une ville aux monuments
autrement importants, resta inachevé lors de la fin prématurée de Mazois : Les ruines
de Paestum, dont l’intérêt du contenu, l’état avancé de préparation et l’imminence de
la parution étaient bien connus aux contemporains5, au point qu’ils l’ont classé parfois
dans la liste de ses titres déjà parus6. La valeur des travaux de Mazois sur les monuments
de Paestum était notoire en dehors de l’Italie et de la France pour qu’on regrette
encore, quelques décennies après sa mort, qu’ils soient restés inédits7. Mais à la

différence de la publication de Pompéi, à la dynamique déjà lancée du vivant de Mazois
et que d’autres ont pu porter à sa fin, le dossier trop exigent de Paestum ne trouva
pas un continuateur de la taille de J.-F.-Chr. Gau, lequel en juin 1827 pouvait
pourtant « espérer que le fruit de ce travail, tout préparé par l’auteur, ne sera pas perdu
pour le public ». Ce voeu ne se réalisa point, les précieux documents furent déposés
par la veuve de F. Mazois en 1861 à la Bibliothèque Impériale8 et l’oubli les enveloppa.
Ce ne fût qu’après plus d’un siècle que l’on s’intéressa à nouveau réellement à
ce legs et qu’on reproduisit finalement deux images, à ce jour les seules publiées9.
Dans la continuité de mes propres études et relevés sur les fortifications et l’urbanisme
de Poséidonia-Paestum10, en 2005-2006 j’ai pu consulter dans les meilleures
conditions l’ensemble des dessins de Mazois, les mesurer et les photographier en vue
d’un projet d’étude et de publication intégrale commentée11 de ces documents, qui allaient
être numérisés en haute définition pour l’impression12. L’étude qui suit est le
fruit de ces circonstances favorables et peut offrir pour la première fois la connaissance
détaillée de ces recherches restées inédites depuis deux siècles ; toutefois, par rapport
au projet initial de publication totale, j’ai dû nécessairement limiter l’illustration pour
ne donner ici que le lot complet des documents ayant trait à la topographie du site.